Une ancienne compétitrice de La Voix prend le cellulaire d'un spectateur en pleine représentation!

Considérant avoir été atteinte dans son intimité par un spectateur irrespectueux lors d’un concert, Liana Bureau a choisi d’agir plutôt que de fermer les yeux sur scène samedi. «Hier soir, j’ai réalisé que c’était possible de se défendre et d’imposer nos limites sans que le spectacle en “souffre”», a-t-elle écrit dimanche sur Facebook.

La jeune chanteuse de Québec, découverte lors de la troisième édition de La Voix, a tenu à raconter sur sa page Facebook comment elle a réagi quand un spectateur, situé tout près de la scène, a agi de manière «dégradante» à son endroit.

«Je trouvais que c’était important d’en parler. Ça m’est arrivé sur scène, mais ça arrive dans tous les domaines. C’est important de savoir, comme femme, qu’on peut dire et faire quelque chose sans tout foutre en l’air», a expliqué Liana, jointe par Le Journal.

Samedi soir, c’était une «soirée de feu». Liana Bureau chantait devant 500 personnes, «les clients étaient super». Mais comme cela arrive couramment lors de spectacles, mentionne la chanteuse, un individu a commis un geste déplacé.

Une photo de son bassin

«Le gars était directement en avant de moi, il prenait des photos de moi et ça paraissait qu’il ne prenait pas l’entièreté de ma personne», relate-t-elle.

«Je le vois encore en avant de moi, j’avais l’impression qu’il pensait qu’on était [les personnes sur scène], dans une télévision. Il montrait des photos à ses amis sur son téléphone. Je me suis approchée pour voir. C’était juste mon bassin qu’on voyait... Là, il avait dépassé ma limite. J’ai agi impulsivement; je suis débarquée de la scène, je lui ai pris son téléphone puis je suis remontée sur scène. Je voulais supprimer la photo. C’était une photo de mon bassin et il avait mis une girafe qui rentrait dans mon vagin, sur Snapchat, décrit Liana. C’est irrespectueux dans mon livre à moi, utiliser le corps des femmes comme ça. J’étais vraiment très fâchée. C’était comme une agression, de l’intimidation. Il rentrait dans mon intimité, dans mon intégrité.»

La jeune femme explique avoir choisi de ne pas rester les bras croisés samedi soir puisqu’elle se l’était promis, après avoir été victime d’autres gestes irrespectueux dans le passé.

«J’avais figé»

«Une fois, et j’en parle dans mon post Facebook, j’ai fondu en larmes après un spectacle, parce que je m’en voulais de ne pas m’avoir défendue, de n’avoir rien dit. Cette fois-là, la personne m’avait vraiment “pogné le cul”, comme on dit. J’avais vraiment été surprise et je suis tombée en état de choc. J’avais figé. La personne avait été opportuniste parce que j’étais dans un moment vulnérable, sur scène, avec un show à donner... Dans la vie, je l’aurais engueulée comme du poisson pourri. Mais après, je m’étais dit: non, c’est inacceptable. La prochaine fois, je peux faire quelque chose.»

C’est pourquoi samedi, Liana n’a pas hésité à s’imposer, tout en continuant son spectacle «comme si de rien n’était». Comme elle l’a écrit sur Facebook, «hier soir, je n’ai pas figé, hier soir, j’ai imposé ma limite, hier soir, j’ai imposé à cette personne qu’elle me respecte en tant que femme, parce que trop souvent, on ne les respecte pas ces femmes. On les juge et on les diminue pour leur manière de parler ou de bouger, pour leurs vêtements, pour leur physique et pour ce qu’elles sont tout court.»

Ironie du sort, la chanson qui suivait l’incident samedi était Respect d’Aretha Franklin. La chanteuse a bien appuyé sur les mots en présentant la chanson, histoire de lancer un message clair à l’individu, qui a d’ailleurs quitté la salle.

«J’ai dit: “So I’m gonna sing a song about respect”», raconte-t-elle, précisant que l’individu a repris possession de son cellulaire par l'entremise d’une amie, après le spectacle.

Pas un cas isolé...

«Toutes les chanteuses ont des histoires de même, et je dirais même que toutes les femmes ont des histoires comme ça. Je ne pense pas que ce serait arrivé à un gars», soulève-t-elle.

«Mon but de partager cette expérience-là, c’est que je sais que ça arrive à plusieurs filles, et que c’est tellement dur quand ça arrive, on est en état de choc. Souvent, il y a des zones grises, et ça peut parfois paraître anodin. Donc je trouve que c’est important d’en parler, de faire quelque chose et de faire comprendre qu’il y a des limites. On reprend le pouvoir quand on fait ça», expose la jeune femme, qui estime que ce type d’incident met en lumière une nouvelle réalité, propre aux années 2000.

«Maintenant, on a tous une caméra [notre cellulaire]. C’est toutes nos valeurs par rapport à la technologie... Est-ce qu’on peut utiliser l’image d’une personne comme ça?», se questionne-t-elle.

Crédit Photo: Le Journal de Québec, Jean-François Desgagnés